Océo à flots, apprentissage de l’humilité

Passer les douanes américaines est une expérience qui peut s’avérer stressante pour les non-inités. Et on sait qu’on est maintenant considéré comme des gens d’expérience quand le douanier (américain je le répète) ne commence pas par l’habituel « where do you live » et que le passage aux douanes se résume à : « Ah, going to the boat? Where are the kids today? Have a good day! » J’en souris encore!

Mais question de se ramener l’égo sur le plancher des vaches, rien de tel qu’une bonne première mise à l’eau à vie. Wow! Quelle expérience… oui, quelle expérience ça prend, pour orchestrer de main de maître une mise à l’eau parfaite. Car c’est ce que tout navigateur souhaite.

Pour notre première, l’excitation le disputait au stress et à l’orgueil de tout faire comme il faut malgré notre manque d’expérience. Sébastien a été le plus éprouvé. Il lui a fallu poser l’hélice tout juste avant la mise à l’eau (et Mélanie se rappelle le feeling de vertige lorsqu’elle est ressortie sur le pont après être allée chercher l’hélice à l’intérieur, pour arriver face à face avec un plongeon de quelques mètres directement dans l’eau! Rassurez-vous, le plongeon n’a pas eu lieu!). La pose de l’hélice faite, le bateau saute dans l’eau, yé… ah oui, mais nos amarres et nos défenses sont dans le coffre (zut). Vite vite, on sort les cordages… et on essaie de se rappeler nos nœuds de taquets (ça, ça peut aller) et nos nœuds pour attacher les défenses (ah et puis m….., il y a des bumpers sur le quai!). Mais où sont les hommes pendant ce temps? Ah, ils vérifient si l’eau entre quelque part… Sébastien court encore. Parlant de courir je le vois partir faire son jogging vers le bureau de la marina. Où va-t-il? Tiens donc, le moteur NE DÉMARRE PAS et il est vidé de son huile. Bon. L’heure tourne, les employés de la marina sont TRÈS gentils et subtils, ils nous offrent leur aide parce qu’il faut se déplacer pour le mâtage (et que j’apprends que finalement il y a toute une file de gens qui attendent au quai de service!). Sébastien revient en sueur (ben oui, pour faire exprès, il fait très chaud ce matin-là, hihi) pour retourner dare-dare à la marina chercher du prestone!!! Bon, on va y arriver! Ah, ça démarre, un solénoïde à changer plus tard!!!

Pendant ce temps Mélanie essaie de se rendre utile mais il n’y a pas grand-chose à faire, 3 gars autour d’un moteur de bateau ça fait déjà beaucoup de monde! Elle réussit finalement à aller aider à poser l’enrouleur de génois (et elle a réussi à ne rien échapper dans l’eau, miracle, c’était pas gagné ce bout-là!). Comme elle trouvait également que Sébastien n’avait pas fait assez d’exercice, elle le fait courir d’un côté et de l’autre du bateau pour changer les amarres de côté pendant le déplacement du bateau (changement de côté de quai oblige!). Et du quai de service où elle est, elle entend les employés de la marina utiliser un terme un peu moins poli mais que l’on peut gentiment traduire par : amateur! Elle a donc dit à son orgueil de prendre une saison de congé et elle a aidé les gars sur Océo à accoster au quai.

Au moins, on a eu droit à un mâtage professionnel (on ne touchait à rien )! Et en route pour un essai « en mer ». Notre première sortie sur Océo. Rien de tel pour réaliser à quel point les cours théoriques de l’hiver sont loin et qu’une fois sur l’eau, on se sent vraiment dans un autre monde. On sent la liberté qui nous entoure, mais une liberté pleine de dangers qui nécessitent une bonne expérience pour les éviter. Nous étudierons nos cartes et nous espérerons que notre GPS ne nous laissera pas tomber cet été!!

Pour rentrer, Mélanie décide de prendre le taureau par les cornes : elle accostera le bateau au quai; c’est sa plus grande crainte. Elle demande un « guide » qui lui conseillera une vitesse de 3,7 nœuds pour entrer dans la marina. Après avoir éraflé le bateau sur le coin du quai et avoir causé une petite commotion chez les passagers et voisins de la marina, elle conclut que 3,7 nœuds, c’est vite en titi… Apprivoiser la manette des gaz et réduire la vitesse d’approche sont les prochaines étapes.

Et puis vient le bonheur (on sait, c’est pas fini, il reste à poser les voiles, réviser le moteur et finir les p’tits travaux mais on profite du moment de répit!). Bonheur qui monte et qui monte… On l’a fait. On a vraiment acheté un voilier, on l’a réparé, préparé, et on l’a mis à l’eau. On a assisté au mâtage, on est sorti sur le lac et on est rentré au quai. On pourra prendre le reste de l’été comme ça vient (c’est-à-dire sûrement lentement avec les filles!). Enfin.

Et maintenant? Eh bien on continue les travaux! Il faut faire faire une mise au point du moteur, le démonter en partie pour nettoyer l’échangeur de chaleur, et aussi attaquer les petites choses non essentielles mais importantes qui n’ont pas été faites.