Ça vient de où cette idée de fou?

Première expérience

6 étudiants de secondaire 3 et 4 sur chaque bateau avec 4 profs en tout pour nous accompagner. Je ne savais pas à quoi m’attendre, à part l’appréhension de me retrouver “coincée” avec mes congénères sur un bateau.

Et là j’ai eu l’impression de devenir “moi”, je venais de me découvrir une passion. J’ai tout adoré de la voile, même les corvées, le fait de toujours se promener en équilibre à cause de la gîte, de se faire brasser la nuit par les vagues, de ne plus être capable de se tenir debout sur la terre ferme parce qu’on a encore la houle dans les jambes… tout. J’en suis revenue transformée.

Ça reste dans mon sang

Il a quand même fallu 10 ans pour que je m’y replonge. Une semaine de brevet élémentaire à Tadoussac pour le simple plaisir de remonter à bord. On y a couché le voilier qui s’est ramassé la grand voile dans l’eau, quelle expérience! J’ai découvert qu’un cargo sur le Saint-Laurent provoque 7 vagues bien précises et qu’à la 4e il faut bien s’accrocher pour ne pas tomber de la couchette. De minuscules détails qui marquent et qui font qu’on a l’impression d’avoir trouvé sa place, et que cette place n’est pas faite de facilité mais plutôt d’efforts et de travail constants.

Le goût du sud

La vie m’a, par le plus grand des hasards, emmenée sur un voilier de location aux Îles Vierges Britanniques. Véritable paradis des voileux, souvent des gens qui ne s’y connaissent pas beaucoup, mais des gens qui adorent être sur l’eau. Une communauté de viveurs de rêves!

Aussi passionnée de voile que je puisse être, j’ai toujours eu une peur bleue des poissons. Pour la première fois de ma vie, j’ai mis un masque de plongée et un tuba et le coeur battant (j’étais sûre que les requins pouvaient l’entendre battre de très loin), je me suis lancée. Ma première apnée, c’est les Dogs qui l’ont vue. Et quelle plongée!

Des millions de coraux et de poissons, une paix incroyable.

Et maintenant?

Vide total pendant une quinzaine d’années. Pas de voile depuis, ma vie ayant été occupée à trouver l’homme idéal et à fonder une famille (2 magnifiques filles et une autre qui arrivera en avril 2015!). L’été dernier, un projet a commencé à germer dans mon petit foyer: prendre une année de congé et partir avec les enfants. Mais faire quoi?

Tout a été envisagé, VR, Europe, tour du monde… Puis, il a été question de bateau et là j’ai vu une étincelle s’allumer dans les yeux de mon conjoint.

Il n’avait jamais mis les pieds sur un voilier. Le seul contact que nous avions eu avec un voilier dans les dernières années avait été de suivre le blogue de mon collègue et ami parti aux Bahamas avec sa conjointe sur Globe-Vogueur. Nous sommes aussi allés voir la présentation de son film, et c’est peut-être ça qui s’est inséré dans nos cerveaux de façon subliminale!!!

Mais il fallait faire un essai pratique pour valider le rêve… alors allons-y pour une journée d’initiation!

Le tour d’essai

Valleyfield, septembre 2014. J’ai l’impression de retenir mon souffle. Je veux que Sébastien aime son expérience mais je ne veux pas trop pousser…

Encore aujourd’hui quand il raconte son “feeling” quand le vent prend bien dans la voile et que le voilier accélère, il me donne des frissons!

Et alors, tout s’est enchaîné à vitesse grand V.

On a mis le doigt dans l’engrenage… et on aime ça!

Nous avons fait les démarches pour demander un congé différé, le but étant de partir en 2020, pour un an.

Puis nous nous sommes mis (tranquillement) à la recherche d’un bateau. Notre but était d’acheter à partir de l’automne 2015, attendre que le petit bébé vieillisse un peu…

Nous avons aussi acheté le livre de Luc Bernuy (L’intracostal, le guide) et j’ai commencé à l’éplucher. En voulant rassembler le plus de renseignements possibles pour combler nos grandes lacunes de néophytes et en fréquentant de plus en plus de sites de voiles sur internet, nous sommes tombés sur Océo en décembre 2014.

Océo

Un GRAND Bénéteau Cyclades, 43 pieds et demi, mais surtout 4 (oui 4) cabines fermées. 4 cabines, ça m’apparaissait comme un must pour partir avec 3 enfants. Chacun pouvait avoir son endroit à lui, son intimité.

Mais bon, on fait quoi? A-t-on les moyens? Comment on fait pour acheter un bateau? Le visiter? Surtout en plein hiver! Alors dans les derniers jours de décembre, on contacte le propriétaire du bateau. En attendant son retour d’appel, on fait des recherches intensives sur internet (c’est quoi les étapes, les choses à ne pas passer à côté) et surtout on met une hache impitoyable dans notre budget de tous les jours, car déjà à cause des cotisations au congé différé ça passe serré… mais ça passe. Alors go, on va visiter le bateau!

On demande à Benoît et Sylvie (Globe-Vogueur) de nous accompagner, question de nous rassurer (ou de nous retenir, sur un excès d’enthousiasme) mais le bateau semble correspondre à nos besoins. Il a l’air en bon état (mais qu’y connaissons-nous?). Benoît discute avec le proprio de plein de mots qu’on ne comprend pas… Nous on fait oui oui de la tête et on se promet de se mettre à l’étude de tous ces termes aussitôt que possible. On va dîner avec nos amis… et on conclut qu’il faut se lancer! Eh bien, reste à trouver un surveyor courageux qui viendra examiner l’objet de convoitise et nous confirmer si on fait une offre d’achat ou pas!!!

Les appels se succèdent. Surveyors (inspecteurs maritimes), assurances (merci Pat!!!), notaire (merci Ben!) … et finalement marina pour confirmer qu’on peut entrer Océo au chaud pour le faire inspecter. ouffffff….

Et vous pouvez bien deviner qu’on l’a acheté, notre Océo. Le 4 février 2015, il était nôtre. Une belle histoire d’amour (et de travaux!!) commence.

À travers ce tourbillon, l’inscription à certains cours de la Société de sauvetage s’imposait. Sébastien m’a très galamment offert de garder les filles pour que j’aille suivre le cours de VHF. Parce qu’éventuellement, on ne veut pas non plus abuser des gardiennes, déjà qu’on va suivre Navigation de plaisance pour 6 dimanche en février (je voulais boucler ces cours avant mon accouchement!!). Un gros merci à mes parents et à Lucie (merci à Jacques de nous prêter sa femme!) pour avoir gardé les filles dans nos journées consacrées au projet “bato”.

OUF!

Beaucoup d’émotions en perspective! L’angoisse surtout, à tous les niveaux. Angoisse de débuter quelque chose de nouveau, angoisse de sécurité sur l’eau, angoisse financière mais principalement angoisse de laisser les filles souvent pour pouvoir s’occuper de préparer ce projet. Je n’ai pas de doutes qu’elles sont en de bonnes mains mais je ne voudrais pas qu’elles en viennent à détester le projet parce qu’elles trouvent qu’on s’occupe moins d’elles. Et puis, c’est surtout à elles que l’on pense, quand on prépare ce grand rêve…