Douce Sassafras, pénible Delaware – 16 au 20 juillet 2020

Départ d’Annapolis le 16 juillet pour une destination très attendue: la Sassafras river et son eau douce!

Nous en avions envie depuis longtemps : une baignade en eau douce!! Oui, j’y ai même goûté pour être certaine! L’eau n’y est pas très claire, elle est pleine de sédiments. Par contre, pas de sea nettles (jelly fish, méduses) ici. Nous nous ancrons en compagnie de La Metta.

Une première exploration nous emmène sur une plage mi-sable, mi-roche. Les filles en font provision pour éventuellement peindre des « cool rocks ».

Le lendemain est entièrement dédié aux sports nautiques. Les grands partent tout seuls en kayak et paddle et nous embarquons Livia sur le EZ ski. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas sorti lui! Finalement tous les enfants auront eu leur tour et se sont débrouillés comme des pros.

Livia qui aime le ski nautique

Le 19 juillet, il est temps de partir de notre douce Sassafras. Nous levons l’ancre vers 9h et nous nous dirigeons vers le C&D (Chesapeake and Delaware) canal. Navigation sans encombre, à moteur parce qu’il y a une interdiction de voile dans le canal. Nous profitons un peu du vent que nous génère notre avancée parce qu’il fait TRÈS chaud!

Nous faisons une navigation de 6 heures qui nous mènera dans la baie du Delaware.

Plan A : s’ancrer derrière le breakwater de Reedy point.

Plan B : espérer à tout prix que le plan A marche parce que les options dans la Delaware sont pas mal limitées.

Il y a bien l’option de se rendre à Reedy Island mais à l’automne, un bateau a frappé un mur sous-marin (ce mur est sorti de l’eau juste à marée basse, et pas sur toute sa longueur). La quille a frappé tellement dur que le fond du bateau a ouvert et laissait entrer beaucoup d’eau. Ils s’en sont bien sortis, et après plusieurs mois de travaux ont réussi à poursuivre leur périple. Mais on n’a pas très envie d’utiliser cette option d’ancrage.

La jetée de sortie du C&D sur la Delaware

On sort du C&D et on entre dans la Delaware. Nous cherchons la « patch » de 12 pieds de creux annoncée sur les cartes pour nous ancrer. Nada. Pas de 12 pieds. Partout il y a entre 21 à 25 pieds de creux à marée basse. On a beau passer et repasser, on ne trouve pas où s’ancrer. Le stress monte, les vents aussi. S’ancrer dans du 20 pieds, ce n’est habituellement pas un problème, mais quand il y a des marées de 6 pieds, ça a un gros impact et nous n’avons pas assez de chaîne pour laisser aller une touée sécuritaire.

Que fait-on? Il y a des ancrages plus loin… on pourrait descendre la Delaware de nuit (mais avec des vents contre courant on va se faire brasser solide), on pourrait… aller s’ancrer à Reedy Island… merdouille, ok, allons à Reedy Island.

Nous entrons dans le canal nord. Un haut fond à 7 pieds est indiqué mais nous sommes à marée montante… On va TRÈS tranquillement… et ça passe, on n’accroche rien et on se retrouve dans 15 pieds d’eau. Ouf.

Nous pouvons nous ancrer juste à l’entrée de ce chenal mais nous ne sommes pas protégés des vagues à cause de l’orientation du vent. Double merdouille, ok, allons vraiment derrière Reedy Island, on négociera avec le mur sous-marin demain.

Juste comme on prend cette décision, on entend un appel de détresse sur la VHF : quelqu’un vient de sauter du pont de Reedy Point. Nous y étions à peine trois quart d’heure plus tôt… Ce pont est tellement haut… nos cœurs sont tristes, le sauteur n’a probablement pas survécu.

Les journées qui ne sont pas faciles semblent l’être jusqu’à la fin. Arrivés derrière Reedy Island, je m’en vais à la proue pour descendre l’ancre. Le guindeau rechigne, se plaint, manifeste son désaccord. Le guideau (électrique dans notre cas) est ce qui permet de remonter la chaîne et l’ancre sans effort.

Mon ami le guindeau

Comme nous avons acheté une grosse Rocna de 25 kg pour notre voyage, remonter ça à bras, avec de la grosse chaîne 3/8, c’est pas mal pesant! Donc je ne veux pas ça! Je cajole mon petit guindeau chéri qui se met à coopérer un peu mieux. Bien sûr, je suis en train de DESCENDRE la chaîne, mais je me mets à penser que demain matin, nous partons tôt pour nous rendre à Cape May, et il va falloir la REMONTER.

Je décide que je reporte ce problème à un peu plus tard quand même, vu que les vents se sont bien levés et que nous sommes bien ancrés (sécuritairement) avec 150 pieds de chaîne.

Pendant que nous prenons notre petite bière d’après navigation, je raconte à Seb que le guindeau n’est pas content. On se dit qu’on remontera l’ancre un peu plus tôt le lendemain au cas où sa saute d’humeur ne lui aurait pas passé.

Nous prenons le temps de regarder les cartes. Le mur sous-marin est bien visible sur toutes nos versions de cartes (ce qui n’était pas le cas du bateau qui l’a frappé à l’automne). La section sud pour le contourner semble assez large et sans trop de problème pour éviter les roches affleurantes du canal de sortie. Nous passerons donc par le sud pour sortir demain matin, en prenant bien soin de dépasser amplement la dernière bouée qui marque le mur.

Notre ancrage de Reedy Island

20 juillet

Nous postons Mathilde au disjoncteur du guindeau. Il fait encore des siennes et ne veut pas remonter la chaîne, et le disjoncteur s’ouvre fréquemment. Nous réussissons tout de même à rentrer notre 150 pieds de chaîne et nous partons sur la Delaware, au moteur-génois.

Départ sur la Delaware

Seb et moi sommes d’accord, la Delaware, on ne l’aime pas. Elle nous offre tout de même une belle navigation aujourd’hui, pas trop de vagues, un petit vent stabilisateur. Mais le courant, quelle plaie! Nous pouvons profiter d’environ 5 à 6 heures de courant favorable pour descendre la Delaware, nous avons 60 miles nautiques à parcourir. En se disant qu’on fait 5 nœuds de moyenne, nous en avons pour 12 heures. Donc un bon bout de chemin à 4 nœuds, puis un petit bout de chemin à 8 nœuds et demi, sans changer de régime moteur! Notre timing était quand même bon, départ de l’ancrage à 8h, nous avons attrapé le courant vers midi et sommes arrivés à Cape May vers 17h30. Enfin, elle est derrière nous!

En arrivant à l’embouchure de la baie du Delaware, nous avons eu la bienvenue d’un comité d’accueil très désagréable : des milliers de mouches piqueuses. Je ne mens pas, des milliers. Pendant que l’un de nous barrait, l’autre tuait, tuait, tuait des mouches sans arrêt. Nous avons ainsi pensé rebaptiser notre bateau : le Flies Cemetary!

Arrivés à l’ancrage devant la Garde Côte américaine, nous sommes heureux, il y a de la place. Nous jetons l’ancre, de peine et de misère (il faut maintenant arranger ce guindeau!). Et comme Cape May est un ancrage à comportements bizarres, nous avons dû nous réancrer deux autres fois, questions de garder une distance avec nos voisins. Évidemment, c’est quand on fait face à ce genre de situation que le guindeau nous fait défaut. Soupir.

Nous devons prendre la mer pour nous diriger vers New York le 22 juillet. Il ne nous manque qu’un peu d’eau et de diesel et nous serons prêts. Nous avons constaté avec surprise que notre consommation de diesel a presque doublé par rapport à notre consommation habituelle. Peut-être traînons-nous une trop grande colonie de barnacles sous le bateau, ou peut-être que le courant nous a fait travailler très fort dans la Delaware. À surveiller!

Images en vrac de la Sassafras à Cape May

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