C’est pas parce qu’il y a COVID qu’on ne vit plus d’aventures… Great Bridge, VA à Deltaville, VA – 8 au 14 mai 2020

Départ à contrecoeur de Great Bridge, après avoir un peu étiré la limite de temps permis…

Une dernière petite marche sur le quai

Nous faisons le plein de d’eau et de diesel à la marina juste en face, le Atlantic Yacht Basin. 1,49$ le GALLON de diesel. Je crois qu’on ne reverra plus jamais ça!

On fait ouvrir le pont de Great Bridge à 9h et nous voici devant l’écluse. Les filles ont grandi depuis l’année dernière et elles veulent participer aux manœuvres. En temps de virus, l’éclusier ne vient pas pour prendre nos amarres alors je prends la gaffe pour aller faire le tour des taquets. Je donne l’amarre avant à Mathilde puis je cours donner l’amarre arrière à Daphnée. Mes grandes font ça comme des pros et déjà la porte s’ouvre pour qu’on sorte. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps d’immortaliser ces moments en photos!

Notre capitaine trouve enfin des ponts à son goût! Pas trop de stress pour passer en-dessous de ceux-là!

Nous faisons notre retour dans la Elizabeth river, en direction de Norfolk. La nostalgie commence à s’installer. C’étaient nos balbutiements dans l’Intracostal, il y a tout juste 6 mois de cela. On sent qu’ici commence la fin, la fin du voyage. Nous ne savons pas encore de quoi notre avenir marin sera fait, et comme nous sommes en temps de crise, il faudra y aller étape par étape.

Un de nos derniers ponts à faire ouvrir (lever dans ce cas-ci!)

Nous nous arrêtons après seulement 12 miles de navigation ce jour-là, ancrés à Portsmouth au mile 0 de l’Intracostal, là où nous avions affronté une de nos belles tempêtes à l’automne. Le mouillage est en milieu urbain, il n’empêche que la vue est vraiment magnifique. Deux villes se font face, Portsmouth la vieille et Norfolk la moderne. Nos yeux se fixent souvent sur le musée Nauticus. Un de nos grands regrets du retour, ne pas pouvoir y retourner.

Mais pour éviter de trop rester dans la nostalgie, il nous fallait bien un peu d’action. Alors quelques heures après nous être ancré, nous constatons avec surprise que le trawler ancré devant nous se met à chasser. Son ancre s’est décrochée et il dérive. Heureusement pas vers nous mais plutôt vers un autre voilier. Les vents se sont levés mais ils ne sont pas encore stables dans leurs directions, ce qui fait que le bateau moteur dévie de sa course et évite le voilier. Nous jouons de la corne (de brume) pour avertir les gens à bord du trawler mais nous réalisons vite qu’il n’y a personne à bord. J’appelle la Coast Guard mais je n’arrive pas à capter leur réponse au VHF. Malgré tout je leur explique où nous sommes et qu’un bateau est en train de dériver.

Le trawler a maintenant décidé de se lancer vers un autre voilier. Nous jouons encore de la corne et les occupants sortent juste à temps pour tirer sur leur chaîne et éviter la collision. Le bateau dériveur sort finalement de la zone de mouillage et traverse la Elizabeth River en direction de la rive opposée, vers le musée Nauticus à Norfolk.

Je vois tous ces gens qui circulent sur l’eau, plaisanciers, remorqueurs, barges, commerciaux… et je me dis que voilà ma première obligation de faire un appel de sécurité. Je suis de nature gênée, et j’ai vu comment faire seulement dans mes cours de VHF il y a longtemps. Et je suis aux États-Unis. Mais tant pis, je lance mon appel. Pas grave si ce n’est pas parfait dans les règles de l’art!

Personne n’arrêtera le bateau dans sa dérive. Pas même la petite vedette de sécurité portuaire qui est passé à côté, sans même réaliser que ce bateau en plein milieu du canal n’avait pas de conducteur! 

Le trawler a cogné le quai de l’autre côté de la rivière où des gens sont finalement venus le sécuriser.

Avec toute la circulation marine dans ce port, il est étonnant qu’un bateau puisse se promener si librement et poser de grands risques. La Coast Guard est arrivée une heure plus tard et est venue nous demander le compte rendu de ce qui s’était passé.

Pour laisser passer un froid persistant nous sommes restés 5 jours à Portsmouth. Rattrapage d’école, petit ménage, journées douillettes.

Liv s’ennuie de son chien-jouet baptisée Everest, elle l’a donc dessinée!

Et puis on avance. Le 13 mai nous quittons Portsmouth. Passer le port de Norfolk est toujours une expérience en soi. Nous avons la chance de circuler en même temps qu’un sous-marin, ce qui fait que la US Navy nous escorte pour une partie du chemin! Et nous croisons aussi des bateaux de tous gabarits, certains plus impressionnants que d’autres.

Nous nous rendons à Hampton au quai gratuit de la marina municipale. Quelques heures pour remplir nos réservoirs d’eau et se faire livrer une épicerie et une commande du liquor store (ça prend du vin et de la bière!!). L’accueil du personnel de la marina est plus que chaleureux, l’endroit est magnifique en plein milieu de la proprette ville universitaire de Hampton. Ça donne le goût de rester et de visiter… peut-être une autre fois!

Nous allons nous ancrer dans la baie voisine, à Mill Creek. Ce n’est pas une baie à proprement parler, il s’agit d’un petit espace entre le pont-tunnel et la berge, plus ou moins garni de crab pots. Nous y sommes bien protégés et nous dormons bien.

Le lendemain, nous entrons dans une baie de Chesapeake très calme. Le temps semble être sur pause, nous avançons doucement. Nous prenons même le temps de rêver un peu. Que ferons-nous de notre prochaine année? On ne sait pas, mais on veut qu’elle soit douce!

Aujourd’hui nous allons rejoindre des amis. Boréal Blues est depuis un petit bout de temps à Deltaville, tout comme Sous le vent et Subtil. Deltaville, c’est l’endroit où beaucoup de Canadiens sortent leur bateau de l’eau dans la baie de Chesapeake. Pas cher, bon service, un petit peu à l’intérieur des terres, parfait pour affronter un éventuel ouragan.

Mais est-ce notre option? Nous attendons de savoir si les écluses du canal Champlain vont ouvrir. Nous sommes malheureusement tombé sur une année de réfection majeure de plusieurs écluses. En théorie, tout devait être prêt pour une ouverture le 15 mai. Mais avec la pandémie, les travailleurs ont été renvoyés chez eux le 15 mars. Et comme l’état de New York est durement touché par le virus, et que nos écluses se trouvent dans l’état de New York, un gros doute plane sur la possible ouverture du canal.

Nous resterons donc à Deltaville le temps d’attendre les nouvelles des écluses. De là, nous verrons.

Un commentaire sur « C’est pas parce qu’il y a COVID qu’on ne vit plus d’aventures… Great Bridge, VA à Deltaville, VA – 8 au 14 mai 2020 »

  1. Oh! ça sent davantage le retour…
    Nostalgie de votre côté mais certainement, espoir du côté de Diane, même si elle passe beaucoup de temps avec Lise et Marielle.
    Merci de nous faire partager ces moments, parfois joyeux, parfois impressionnants! les capitaines  » moussaillonnes » font de belles manœuvres et interventions, même en situation risquée avec un solitaire qui vogue dangereusement!!! Bravo toute l’équipe et spécialement Mélanie pour ta démarche pour informer du solitaire sans équipage…
    Bon séjour, Deltaville, et bon retour par la suite!!!

    P.S.: mon style de phrase est bizarre parfois, car je dois éviter tout ce qui comporte des accents. Ce n’est pas mon ordi (le mien est mort) et tous les claviers sur celui-ci (prêté), sont nuls en accents!!!

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